Vénéneux, ardent, inquiétant… Ce sont certainement les trois mots qui représentent le mieux cette nouvelle série et surtout, les personnages principaux : Tugdual, ténébreux et passionné ; Zoé, angélique et redoutable ; Mortimer, brute au cœur tendre. Même s’il est question de fantastique, leur univers reste ancré dans le réel – notre réel –, de la même façon que celui de nos précédentes séries, mais sans la magie flamboyante ou les aspects cauchemardesques. Les héros ont certes des pouvoirs surnaturels, pourtant nous avons souhaité les aborder avant tout comme des êtres humains qui subissent leurs pouvoirs plutôt qu’ils n’en tirent avantage. Il y a un peu de Superman et de X-Men en eux, fantasme pour les êtres ordinaires comme nous et fardeau pour ceux qui doivent vivre avec cette différence.
Vous vous adressez à un public plus âgé. Les ados du roman ont des préoccupations de leur âge. Autour de quels thèmes ?
L’intégration et l’image de soi sont leurs premières préoccupations. Hormis leurs pouvoirs surnaturels et le mal dont ils souffrent, ils sont soumis comme n’importe quel ado à ces questions auxquelles il est si difficile de répondre : comment être accepté ? Comment faire partie d’un groupe, d’un clan ? Comment se faire des amis ?
Ce sont des personnages ambivalents. Dans Tugdual, il y a le « dual » de « dualité », le bon et le mauvais, le meilleur et le pire. Son frère et sa sœur sont comme lui : s’il est difficile de maîtriser le fléau qui les ronge et qui les pousse à commettre le mal, ils peuvent le contrebalancer par une forme de bonté et d’espoir. Ils apparaissent comme des héros romantiques, tueurs malgré eux, justiciers déterminés, touchants, puissants et fragiles à la fois. Agir, lutter n’est pas si facile. Tugdual, Zoé et Mortimer ont des pouvoirs qui leur permettent de le faire, et ils ne vont pas se priver de punir les auteurs d’inceste, de racket, d’humiliations.
Et la famille ? L’amour ?
La famille joue un rôle important. À un âge où on aspire à l’indépendance, à l’émancipation, à l’autonomie, eux découvrent l’attachement fraternel au sein d’une famille totalement (re)composée qui devient le seul élément de stabilité et de sécurité.
L’amour pourrait ne pas trouver sa place. Pourtant, il va faire irruption dans leur vie, les déstabiliser et les attendrir, démontrer qu’ils sont des ados comme les autres. Comme pour la plupart d’entre nous, l’amour devient pour eux une force et une faiblesse. Quand on est amoureux, on a beaucoup plus à perdre que lorsqu’on est un loup solitaire…
La musique est particulièrement importante pour eux. Et d’ailleurs les chansons dont vous parlez dans le livre existent. Racontez-nous cette aventure…
Côté coulisses, la musique est omniprésente dans notre processus d’écriture. Et en ce qui concerne nos héros, c’est un exutoire très efficace ! Par ce biais, avec pudeur et puissance, Tugdual et Zoé vont pouvoir exprimer leurs sentiments, leurs amertumes, leurs bonheurs. Ils créent un groupe dont le nom, les No-Body, symbolise leur volonté de rester anonymes, d’être aimés pour leur musique et non pas pour leur physique ou pour leur style.
Mais en tant qu’auteurs, nous voulions aller plus loin que le simple texte et donner vie à ces chansons, dont nous avons écrit les paroles. C’est pourquoi nous avons proposé à trois musiciens de composer une musique et d’interpréter à leur façon les titres des No-Body : Léa, Dan et Julien ont fait un travail formidable.
Nous ne pouvons que vous inviter à vous rendre sur la chaîne Youtube consacrée aux No-Body !
Vers quoi avez-vous envie de vous diriger maintenant ?
La série Tugdual est prévue en plusieurs volumes (le deuxième sortira au printemps 2015). Mêler la réalité, les fantasmes collectifs (fondés ou non), les légendes urbaines, un peu de surnaturel et surtout beaucoup d’humanité et de sentiments, voilà ce que nous aimons !
Au-delà, qui sait ? De nouveaux personnages, de nouvelles histoires… Une seule certitude : dans nos cerveaux comme au fond de notre cœur, nous avons de la matière pour très longtemps encore !
Parallèlement, nous préservons une certaine légèreté avec Les Petites histoires de Dragomira (sortie le 14 novembre prochain), relecture un brin facétieuse de contes connus.