Le roman débute ainsi par le coup de foudre à New York entre Juliette, une jeune Française qui rêve de devenir actrice et Sam, un médecin brisé par le suicide de sa femme. Paralysés par la peur d’aimer, ils se quittent à l’aéroport sans s’être avoué leurs sentiments. Juliette prend un avion pour rentrer en France, mais le vol New York-Paris s’abîme dans l’Atlantique en ne laissant aucun survivant.
Pourquoi ? Je laisse au lecteur la surprise de le découvrir dans le livre. Disons tout de même que le roman aborde la question du rôle du hasard et du destin. Dans quelle mesure avons-nous réellement le contrôle de notre vie ? Est-ce que tout est hasard ou bien certains événements doivent-ils arriver coûte que coûte ?
On retrouve dans ce roman un style et une ambiance qui vous sont propres. Comment les définiriez-vous ?
J’essaie d’écrire des livres que j’apprécierais en temps que lecteur. Je me fais donc un devoir d’invention permanente. J’aime que l’histoire raconte quelque chose d’original, je veux que l’on vibre avec les personnages, que l’on rie, que l’on pleure, et que, lorsqu’on referme le livre on se sente plus heureux qu’on ne l’était auparavant…
Il n’y a rien de pire qu’un livre où l’on s’ennuie. En choisissant notre livre parmi beaucoup d’autres, le lecteur nous accorde sa confiance et le moins que l’on puisse faire est de ne pas le décevoir. C’est pourquoi j’essaie de soigner particulièrement le rythme de mon histoire pour faire en sorte qu’une page en appelle toujours une autre et que l’on ne puisse plus poser le livre une fois qu’on l’a commencé.
Le surnaturel fait parfois irruption dans la vie de vos héros…
Le surnaturel est un ressort que j’utilise comme parabole pour évoquer ce qui passionne vraiment : les relations entre les gens, les sentiments, le sens que l’on donne à sa vie…
Au début de mes romans, les personnages sont bien ancrés dans le réel puis il se produit un événement qui les déstabilise. Quelque chose qui ne peut s’expliquer rationnellement. À partir de là, il y a deux possibilités : ou bien il s’agit d’un produit de leur imagination, ou bien l’événement a véritablement eu lieu. Et c’est dans cet état d’incertitude – pour le lecteur comme pour les personnages – que réside tout le sel de l’histoire.
En tant qu’écrivain, j’utilise donc le surnaturel et les questions posées par l’au-delà comme un élément dramatique efficace, mais il ne faut pas prendre cela pour de l’ésotérisme !
Il y a dans Sauve-moi une histoire d’amour forte et originale. Au moment de la sortie de Et après… vous disiez d’ailleurs qu’il y aurait toujours une dimension sentimentale dans vos romans…
Et je le pense toujours ! Dans la vie, l’amour c’est quand même ce qu’il y a de plus intéressant, non ?
Dans Sauve-moi, il y a en fait une triple histoire d’amour : un coup de foudre d’abord entre Sam et Juliette. L’amour leur tombe dessus alors qu’ils ont justement décidé de mettre leur vie sentimentale entre parenthèses. Puis une histoire entre Grace et Mark qui aborde la question du non-dit en amour, à travers l’itinéraire d’un homme qui, à trop tarder à avouer ses sentiments, a fini par perdre la femme qu’il aime. Enfin, une histoire d’amour filial entre une mère et sa fille qu’elle n’a plus revue depuis dix ans.
Quelles sont vos sources d’inspiration ? D’où vous viennent vos idées ?
Les idées viennent de partout : des livres, des films, de l’actualité, de mon propre vécu… Sinon, j’aime bien observer les gens, au restaurant, dans le métro, dans les magasins… Ça permet de capter l’air du temps, de saisir des situations, des dialogues, des émotions…
Dès que quelque chose me marque, je le note dans mon ordinateur et au bout d’un moment, à force de confronter des idées les unes aux autres, certaines vont se relier entre elles et une trame finit par se dégager.
Comment bâtissez-vous vos histoires ?
Je n’essaye surtout pas d’appliquer une recette ! ça ne marche pas et ça dénature le plaisir d’écrire. J’essaye plutôt de raconter une histoire « sincère », c’est-à-dire une histoire qui s’accorde avec mes sentiments du moment.
Souvent je sais que je tiens un sujet lorsqu’une image obsédante revient à la charge dans mon esprit. Pour Sauve-moi c’était l’image d’un couple dans Manhattan : un homme et une femme qui se faisaient face au milieu d’une tempête de neige. Je savais seulement que quelques secondes plus tôt ils ne se connaissaient pas et que cette rencontre allait changer leur vie.
Puis, à partir de cet instantané, tout s’est mis en place progressivement avec beaucoup de travail. Je ne crois guère à l’inspiration toute puissante : je n’attends jamais que l’inspiration me vienne pour commencer à travailler, mais c’est parce que je travaille que vient l’inspiration.
Généralement, je passe plusieurs mois à peaufiner la structure du livre. J’ai besoin de savoir où je vais, même si je ne sais pas toujours quel chemin je vais emprunter pour y arriver.
Parallèlement, je travaille beaucoup sur les personnages en faisant des fiches biographiques très détaillées pour les connaître parfaitement. Même si les trois quarts de ces renseignements ne se retrouveront pas dans le livre, c’est la condition sine qua non pour avoir des personnages crédibles.
Puis je m’attelle à la rédaction et, si tout se passe bien, les personnages vont commencer à vivre leur vie propre et à s’émanciper de ce qu’on avait prévu pour eux. De là naissent des retournements de situations que l’on n’avait pas imaginés au départ. Pour l’écrivain, c’est le moment le plus excitant : lorsque les personnages tentent de vous échapper et de vous imposer des choses !
Vos romans ont des aspects très cinématographiques. Votre livre précédent Et après… s’est d’ailleurs vu décerner le prix du meilleur roman adaptable et va bientôt devenir un film. Où en est le projet ?
Le cinéma étant l’une de mes grandes sources d’inspiration, c’est presque naturellement que la construction de mes livres ressemble à celle de certains films avec un côté visuel, une structure très découpée et une tension qui court tout au long de l’histoire. Pour quelques séquences, je me suis aussi inspiré du rythme de certaines séries de qualité comme Urgences, 24 heures ou Alias.
Pour autant, un roman doit conserver une dimension littéraire. Je pense en particulier à la caractérisation des personnages, souvent plus riche dans les livres qu’au cinéma.
Quant à l’adaptation de Et après…, elle avance bien. Les droits cinématographiques ont été achetés par Fidélité qui a produit, entre autres, Podium et les films de François Ozon. La phase d’écriture du scénario touche à sa fin et le film se tournera sans doute l’hiver prochain, à New York, en anglais et avec un casting international.