Interview de l’auteur
Dans Quelqu’un à qui parler, vous racontez l’histoire de Samuel, un trentenaire sympa mais un peu perdu dans la vie. Que lui arrive-t-il d’incroyable qui va changer le cours de son existence ?
Le soir de ses trente-cinq ans, Samuel se retrouve seul, sans personne à qui parler. Ses deux seuls invités ont eu un empêchement et son portable est HS… Il ne lui reste que son téléphone fixe, mais comme tout le monde, il ne connaît aucun numéro par cœur ; aucun sauf le numéro de son enfance, ce vieux numéro à huit chiffres… Par curiosité, il le compose et non seulement quelqu’un va répondre, mais en plus, ce quelqu’un c’est lui, lorsqu’il avait dix ans.
Cette fois encore, l’idée qui sous-tend votre nouveau roman est étonnante. Comment est-elle née ?
L’idée est venue d’elle-même, lors d’un repas de famille. Quelqu’un expliquait à mes neveux qu’à l’époque du téléphone fixe, on connaissait de nombreux numéros par cœur, contrairement à aujourd’hui. Et tout le monde autour de la table a récité de mémoire son premier numéro, celui de son enfance… C’était étonnant, pas un ne l’avait oublié. Le mien c’était 68-50-41-35, celui qu’on retrouve dans le livre. Par réflexe, je l’ai composé sur mon portable, et j’ai appelé ; ma nièce m’a alors dit : « Imagine, si ça répond ! » Je n’ai donc eu qu’à imaginer…
Samuel est un personnage très touchant, avec ses forces et ses fragilités. Parlez-nous davantage de lui…
Samuel est seul, cette solitude qui vous tombe dessus avec le temps, sans que l’on s’en aperçoive vraiment ; il n’a plus ses parents, les amis de la fac sont tous partis… Il n’est pas réellement malheureux, mais il est entré dans la routine travail/maison qui lui a fait peu à peu oublier tous ses rêves, toutes ses envies. Mais Samuel a une grande chance : il est aimable, au sens noble du terme. Il choisit de ne voir que le bon chez les gens et, par son humour et sa gentillesse, il se fait aimer naturellement des autres ; seulement, il ne s’en rend pas compte. Au fond, Samuel est un peu le spectateur de sa vie, comme nous tous… Mais le petit Samuel va faire bouger tout ça, au-delà même de ce qu’il aurait imaginé !
Nous suivons également l’évolution (pas si simple) de son histoire d’amour avec une jeune Chinoise : Li-Na. En quoi le petit Samuel, l’enfant qu’il a été, va-t-il l’aider à avancer et à surmonter ses doutes ?
Le petit Samuel va faire entendre à l’adulte que les rêves d’enfant sont avant tout des rêves, et qu’il n’y a pas de raison de les oublier avec le temps. Li-Na est la femme dont Samuel a toujours rêvé mais les obstacles sont nombreux et, en bon adulte, il se range du côté du « raisonnable », du « réaliste », donc de la résignation… Or, le petit Samuel va lui rappeler qu’à huit ans seulement, il avait tout fait pour retrouver sa petite amoureuse, allant jusqu’à se faufiler hors de la maison et enfourcher son vélo de nuit dans le but de prendre un train pour la rejoindre en Bretagne… Ce passage est d’ailleurs autobiographique ! Si l’on est capable de faire cela à huit ans, on devrait pouvoir faire le tour de la terre par amour lorsque l’on est adulte, et c’est cela que Samuel comprendra grâce à l’enfant qu’il était.
Les liens familiaux, le rapport à sa propre enfance, sont des thèmes qui vous sont chers. Où puisez-vous la tendresse et l’humour avec lesquels vous évoquez
ces sujets et qui donnent ce ton si particulier à vos livres ? Et que disent vos livres de votre propre vie, de votre propre histoire ?
Comme pour Dieu est un pote à moi et Cent pages blanches, j’avais le personnage principal sous la main : c’est moi. J’ai coutume de dire que ce ne sont pas des romans autobiographiques, mais auto-caractériels. J’imagine ce que seraient mes réactions si des événements à ce point extraordinaires faisaient irruption dans ma vie : je m’amuse à me surprendre, lorsque j’écris, à guetter mes réactions et à les prêter à mon personnage. C’est une dynamique d’écriture un peu schizophrène, mais tellement plaisante ! L’écriture devient alors un vrai plaisir, dont je suis à la fois acteur et spectateur.
Depuis votre premier roman, Dieu est un pote à moi, vous connaissez un réel succès auprès du public. Vos livres sont traduits dans 18 langues. Qu’est-ce qui, selon vous, touche autant vos lecteurs ?
La simplicité et l’émotion. J’aime écrire des romans qui donnent aux lecteurs un sentiment de fluidité, une lecture facile… pour mieux les piéger par un moment d’émotion lorsqu’ils s’y attendent le moins. Je fais le maximum et j’espère y parvenir, car écrire simple n’est pas aisé.De plus, j’aborde des thèmes universels : notre rapport à l’enfance, à la famille, ce qui nous construit, ce que l’on peut faire pour se reconstruire… Mon héros est l’inverse de James Bond : ce qu’il vit, ce qu’il pense, ce à quoi il aspire, tout le monde peut le partager. Et je pense que ces sentiments n’ont pas de langues ni de frontières.
En lisant ce roman, on repense à Dieu est un pote à moi. Y a-t-il de votre part une envie de renouer avec le ton qui vous a fait connaître et aimer de vos lecteurs ?
Oui, très clairement ! J’avais envie de retrouver ce personnage, mon personnage de trentenaire sympa mais un peu paumé, son humour, ses failles aussi. J’ai également retrouvé le même bonheur d’écriture, la même fraîcheur… Imaginez donc mon impatience de rencontrer à nouveau les lecteurs…
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la presse en parle
“Ce roman a le charme et l’invention originale d’un conte plein de tendresse et d’humour, à la juste morale : il faut toujours écouter l’enfant qui demeure en vous.”
Bruno d’Epenoux, Télé Z
“On retrouve la petite musique de l’auteur, entre rêve et sagesse, tendresse et mélancolie. Une fable sur le temps qui passe et nos rêves restés au bord de la route.”
David Lelait-Helo, Nous Deux