Quand les Chinois cesseront de rire le monde pleurera
Un essai simple et clair sur les mutations profondes qui touchent actuellement la Chine et leurs possibles conséquences sur le reste du monde
Le voyageur qui débarque pour la première fois dans l’Empire du Milieu est souvent surpris par l’omniprésence du rire sur les visages et la jovialité entre les gens.
Ce rire perpétuel est l’un des signes apparents de la quête du bonheur et de la paix intérieure telle que la pratiquent les Chinois depuis des millénaires, sagesse née de la nécessité d’assurer les meilleures conditions de survie dans un contexte démographique unique : la Chine a toujours été surpeuplée par rapport au reste du monde, même au néolithique.
Or, la Chine est aujourd’hui en totale mutation. Et c’est sa société tout entière qui risque d’être déstabilisée. Dans ce pays qui bannissait il y a encore vingt ans la notion de marché et de propriété privée, une espèce d’un genre nouveau a vu le jour : le consommateur.
La soif de s’enrichir des Chinois et leur recherche du confort matériel, d’ailleurs parfaitement légitimes, sont en passe de remplacer leur quête identitaire, leur volonté de se placer « à l’endroit qu’il faut dans l’univers » en suivant la voie du Tao et celle du Yin et du Yang…
En un mot, ce pays est devenu capitaliste. Mais d’un capitalisme échevelé voire débridé où l’État – demeuré marxiste ! – assiste les bras ballants à l’emballement de la croissance.
D’un côté, la Chine a pris conscience de sa puissance économique, et s’apprête à inonder des pans entiers de l’économie mondiale comme ce fut le cas pour le textile (le marché automobile européen particulièrement). De l’autre, son système économique est très fragile. Face à une crise de grande ampleur, notamment énergétique ou bancaire, l’économie pourrait s’effondrer tel un château de cartes.
Et si, un jour, le développement économique faisait abandonner aux Chinois leur sagesse millénaire ? Et si ce mélange hybride inédit d’hyper-capitalisme et d’autoritarisme politique abandonnait la posture non-impérialiste qui la caractérise depuis des millénaires?
Cet essai, facile à lire, propose une explication limpide de ce que le développement de la Chine signifie pour elle-même et pour le reste du monde. José Frèches, fort de sa connaissance de la Chine ancienne et moderne qu’il observe depuis 1968 et dont il est le témoin éclairé, s’emploie à montrer, à travers de nombreux signes avant-coureurs, que la mutation sociale de ce grand pays peut avoir des conséquences dévastatrices sur le plan économique, politique, voire, au pire, militaire. Dans l’espoir d’une prise de conscience des Occidentaux : le monde peut encore anticiper la déstabilisation de la Chine, et ne pas laisser basculer le Grand Dragon vers l’inconnu.
Né en 1950, José Frèches, ancien élève de l’ENA, diplômé d’histoire, d’histoire de l’art et de chinois, a été entre autres conservateur des Musées nationaux au Louvre, au musée des Beaux-Arts de Grenoble et au musée Guimet. Il est notamment l’auteur de séries romanesques qui ont conquis le public, Le Disque de jade, L’Impératrice de la soie, et La Guerre de l’Opium, d’une biographie Moi, Bouddha (2004) et d’un livre d’histoire vulgarisée Il était une fois la Chine. Il est aujourd’hui reconnu comme le romancier de la Chine Ancienne.