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Poly

Parfois, entre un animal et un être humain, naît plus qu’une complicité : une histoire d’amour…

Été 1964. à Beaucastel, dans le Gard, les chansons yéyés résonnent dans les transistors et les enfants piquent une tête dans les eaux claires de la Cèze pour se rafraîchir. Dans ce décor idyllique, pourtant, Cécile ne cesse de pester. Pourquoi sa mère, Louise, lui a fait quitter Paris pour ce « trou paumé » ?

Ici, rien ne va pour elle : sa nouvelle maison est sordide, les gamins du coin sont moqueurs, son père, parti en Italie, lui manque. Quant à Victor, un homme très louche propriétaire d’un château en ruines, il tourne un peu trop autour de sa mère.

Cécile se sent seule, elle s’ennuie tellement… Jusqu’à l’arrivée en fanfare d’un cirque dirigé par l’autoritaire Brancalou. La vedette du spectacle est un poney nommé Poly. Entre l’animal maltraité et l’enfant naît une incroyable amitié. Le début d’une folle et belle aventure qui les mènera loin de cet environnement hostile. Et leur fera braver tous les dangers…

Avec ce roman, Nicolas Vanier met en lumière l’extraordinaire intelligence de l’enfance face à la condition animale, nous appelant tous à un sursaut de respect et de bienveillance.

Un livre tendre et puissant

 

Interview de l’auteur

Comment vous est venue l’idée de ressusciter, ou du moins de revisiter, Poly ?
Je me suis souvenu de ce feuilleton télévisé inspiré de l’oeuvre de Cécile Aubry qui a marqué toute une génération, celle des années 1960 et du début des années 1970. L’histoire de cet adorable petit poney et du petit garçon, Mehdi, qui l’aimait tant… J’ai revisionné la série et je me suis dit qu’elle traduisait à merveille cette émotion unique que l’on peut ressentir avec un animal. Cela va parfois bien au-delà de la complicité ! C’est souvent une véritable histoire d’amitié, on pourrait même dire d’amour, basée sur une confiance réciproque, où chacun donne à l’autre ce qu’il a de meilleur et où le respect et la bienveillance sont la règle. C’est quelque chose de merveilleux que je voulais absolument partager avec le public. Poly était l’occasion unique de le faire en s’adressant à toutes les générations. Mais ce roman est aussi un cri du cœur : un plaidoyer pour que les animaux enfermés indignement ne le soient plus, notamment dans les cirques où les conditions de vie et de dressage sont encore, par endroits, inacceptables.

Vous vous sentez aussi proche des chevaux que des chiens ?
Je ne suis pas « amoureux » des chevaux comme je peux l’être des chiens. Mais j’ai profondément aimé un quarter horse que j’avais baptisé « Punkie ». Ce cheval, je l’ai acheté dans le Wyoming pour traverser pendant un an les montagnes Rocheuses. Ensemble 24 heures sur 24, des mois durant, nous avons tout vécu : de longues traversées de rivières à la nage, le franchissement de cols enneigés à plus de 4 000 mètres d’altitude, d’énormes tempêtes et d’incroyables orages, des attaques de grizzlys, des rencontres avec des lions des montagnes… Lorsque nous ne chevauchions pas, Punkie restait libre et allait où bon lui semblait brouter l’herbe riche des alpages. Nul besoin de l’attacher pour le seller ou le desseller, Punkie acceptait tout de moi. Mais surtout il adorait nos chevauchées, les réclamait et nous en avons tous deux bien profité, sur plus de 4 000 kilomètres ! J’ai souvent pensé à lui, à cette complicité qui était la nôtre, pour recréer celle qui devait exister entre Cécile, notre héroïne, et Poly. Punkie fut « mon Poly » à moi.

Votre roman est aussi celui d’une époque, les années 1960, qui suscite une vraie nostalgie chez ceux qui l’ont connue…
Pour tous les baby-boomers, c’est une décennie rêvée. À la télévision, tout était encore en noir et blanc, mais dans la vraie vie, c’était un festival de couleurs : les voitures, les robes, les objets… Mon film, d’ailleurs, jouera sur la poésie, la spontanéité et la gaieté de ces années multicolores. Il montrera ces petits villages du Gard ou des Cévennes aux maisons anciennes, tous habillés de fleurs où les papillons font la fête. Que nous est-il donc arrivé de si grave en un demi-siècle pour que nous devenions aussi tristes, à l’image de nos voitures uniformisées, coincées entre le noir et le blanc, grises, en demi-teinte, comme un ciel annonçant la dépression ? Les années 1960, ce sont les lendemains qui chantent avec les années yéyé, la mode des minijupes et des blousons noirs, le transistor nomade qui permet d’écouter « Salut les copains » sur Europe 1, les parties de flipper dans les cafés au son du juke-box. Une période haute en couleur, rythmée par les notes du twist et du rock’n’roll…

Parlez-nous de Cécile, votre héroïne qui a pris la place du Mehdi de la série. Dans votre roman, elle fait preuve d’un courage, spontané et naturel, impressionnant…
C’est une autre dimension du livre. Avec Poly, j’ai voulu mettre en lumière la formidable intelligence de l’enfance face à la condition animale. Les enfants perçoivent très bien, souvent mieux que les adultes, ce que ressentent les animaux. Ils agissent, dès qu’ils le peuvent, pour leur rendre la vie plus douce. Leur lucidité, leur révolte face à la cruauté, à l’indifférence, à l’injustice, nous obligent, nous les adultes, à reconsidérer notre rapport aux animaux, de la même manière que les adolescents nous interpellent aujourd’hui partout dans le monde sur la dégradation de la planète. Il faut les entendre…
Il faut que nous réagissions, entre autres, face à la plus grande extinction d’animaux sauvages causée par l’homme jamais enregistrée.

Êtes-vous si peu optimiste pour l’avenir ?
Depuis plus de vingt ans, mes livres, mes films, mes prises de parole expriment cette inquiétude grandissante. Avec beaucoup d’autres, dont de nombreux scientifiques, nous alertons sans cesse. Malgré cela, rien ne change, ou si peu. Nous colmatons tant bien que mal les fuites d’un bateau irréparable, lancé à pleine vitesse, au lieu de changer de bateau. Car c’est le système dans sa globalité qu’il faut revoir, repenser. Et pourtant, pas une semaine sans que la nature nous avertisse, crie au secours, se rebiffe, tente par tous les moyens qui sont les siens de nous faire entendre raison. Mais rien n’y fait. Nous continuons à danser sur le bateau, comme le faisaient les passagers du Titanic à quelques minutes de la catastrophe annoncée. Et pourtant, nous aurions tant à gagner à ralentir, à consommer avec plus de raison, à partager davantage, à aimer notre mère la Terre qui nous le rendrait au centuple. Ce que nous vivons actuellement avec cette terrible pandémie montre notre immense fragilité. Elle doit nous inciter à plus d’humilité. Et à inventer un autre monde.

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