Interview de l’auteur
Mort avec retour démarre sur les chapeaux de roue. Qu’est-ce qui a inspiré ce thriller ?
Dans mes romans, je m’intéresse d’abord au personnage, puis à l’intrigue. Mort avec retour m’a été inspiré par l’impression déplaisante de réécrire un personnage que j’avais déjà créé à de nombreuses reprises. C’est ce qui me fait le plus peur dans l’écriture : devenir un romancier-usine. À la même période, mon père a déclaré un cancer – l’opération qui lui a sauvé la vie lui a aussi laissé une cicatrice inévitable au front. C’est là que j’ai eu la révélation. Je me rappelle m’être dit : au lieu d’écrire encore un thriller avec le même héros jeune et parfait, pourquoi ne pas prendre ce héros, le briser dès le premier chapitre puis voir si ce personnage abîmé peut se débrouiller aussi facilement qu’avant. Je n’étais pas sûr de la réponse, et c’est cela qui m’intéressait en tant qu’écrivain. Vers la même période, j’ai reçu une lettre de l’ancien président Bush dans laquelle il me disait qu’il avait aimé l’un de mes romans. Ça fait plaisir de recevoir ce genre de courrier. C’est cette lettre qui m’a mis dans la tête d’étudier les anciens présidents. La perte du pouvoir me fascine. Ainsi, au bout du compte, toute cette histoire pourrait bien n’être que le fruit du destin.
Vous avez visiblement eu un accès privilégié aux anciens présidents George H. Bush et Bill Clinton. Comment cela a-t-il été possible, et qu’est-ce que cela a apporté à votre livre ?
Cela a commencé par cette fameuse lettre envoyée par l’ancien président Bush. Il me disait qu’il avait aimé l’un de mes romans. Je lui ai demandé si je pouvais venir voir comment il vivait, et il a accepté… Quant au président Clinton, je l’avais rencontré à la parution de Délit d’innocence ; j’ai donc été content quand il m’a permis de rendre visite à son équipe, à Harlem. Ce que ces visites m’ont apporté ? Tous les détails authentiques du livre, qui vous font dire « mais oui, c’est exactement ça ». Parce que c’est exactement comme ça que ça se passe ! (même si les personnages et l’intrigue de mon livre sont fictifs). Mon détail préféré, c’est celui des anciens présidents qui doivent organiser leur propre service funèbre juste après avoir quitté la Maison Blanche (quelle gentille manière de les remercier).
Qu’avez-vous appris d’intéressant sur la vie des présidents et anciens présidents ?
La perte absolue de pouvoir. C’est Clinton qui en parle le mieux : quand on quitte la présidence, « on perd le pouvoir mais pas l’influence ». Oui, mais le pouvoir, on le perd pour de bon. La seule chose qui m’a vraiment stupéfié, c’est de voir à quel point nous avons peu recours à nos anciens présidents. Ce n’est que récemment – avec le tsunami et l’ouragan Katrina – que nous avons fait appel à ces grands hommes. Ils ont dirigé le pays – et certes, ils ont mérité de se reposer s’ils le souhaitent – mais la plupart du temps, nous les abandonnons et les traitons comme des cousins éloignés, qu’on invite seulement aux anniversaires. Pour le reste, mes détails préférés figurent dans le livre : certains présidents se précipitent à leurs réunions du matin parce qu’il s’agit du dernier lien qui les unit au pouvoir, et d’autres ont tellement besoin des feux de la rampe qu’ils voyagent à l’étranger, rien que pour recevoir un rapport de la CIA. C’est une culture partagée par quatre personnes. Avec George W. Bush, cela fera cinq. C’est le club le plus fermé et le plus sélect du monde.
Wes Holloway ressemble-t-il aux héros de vos romans précédents ?
C’est une sorte d’homonyme, j’espère : il leur ressemble, mais il a un sens totalement différent. De tous mes personnages, c’est celui dont je suis le plus proche – en particulier à cause du lien avec mon père. Et, pour être honnête, parce que tous mes livres parlent de mon père.
Quand avez-vous commencé à écrire ?
Pas avant la fin de mes études. Je sortais de l’Université du Michigan et le directeur du magazine Games m’a proposé un emploi. Il m’a dit : « Si ça te plaît, tu restes. Si ça te sort par les yeux, tu pourras partir au bout d’un an en ayant gagné de l’argent. » Comme j’avais des dettes, cela me paraissait une offre honnête. J’ai donc déménagé à Boston avec armes et bagages…mais lorsque je suis arrivé, le directeur avait quitté le magazine. Surprise, surprise ! Je n’étais parti à Boston que pour travailler avec lui. J’ai cru avoir gâché ma vie. Je n’avais aucun projet pour la suite. Alors, j’ai fait ce que nous ferions tous dans cette situation. Je me suis dit : « Je vais écrire un roman. » Et là-dessus, je me suis mis à écrire. Plus le temps passait, plus j’adorais ça.
Avec la publication de Mort avec retour vous semblez vous diversifier, en vous éloignant de vos précédents thrillers judiciaires. Visez-vous un public plus important ?
C’est étrange, mais quand Délit d’innocence est sorti, je ne me suis jamais considéré comme un écrivain de thrillers judiciaires. Les éditeurs et les médias, eux, aimaient me mettre dans cette case, et ils pensaient que ce serait vendeur ; moi, j’avais 27 ans, alors j’étais plus qu’heureux de les suivre. Ceci étant, mes livres ont toujours été conçus pour transporter le lecteur dans un monde auquel il n’aurait pas accès autrement, de la Cour suprême à la Maison Blanche en passant par le Capitole, les banques privées prestigieuses, le monde des anciens présidents et les secrets maçonniques de nos pères fondateurs. Mes romans sont toujours fondés sur une recherche historique, et pas sur le droit : je suis fier de n’avoir jamais écrit une véritable scène de procès. J’étais étudiant en histoire et je le reste. Dans Mort avec Retour, je fais ce que j’ai toujours fait : écrire sur des mondes qui me fascinent.
Vous êtes romancier et auteur de bandes dessinées à succès ; vous écrivez pour la télévision et vous travaillez sur un nouveau spectacle avec Jeff Marx, créateur d’une comédie musicale. Comment un écrivain comme vous évolue-t-il entre tous ces médias ? Présentent-ils des difficultés particulières ?
Lorsque j’écris un roman, je peins avec une seule palette : les mots. Je suis en tête à tête avec mon éditeur, qui m’empêche de trop déraper. Dans une bande dessinée en revanche, on travaille avec les mots mais aussi les images ; le dessinateur modifie le résultat final, naturellement. Il peut prendre la pire des scènes, l’illustrer au mieux et soudain, il me transforme en génie. Il peut aussi gâcher mon beau scénario tortueux (ce qui ne se produit jamais). Quant à la télévision, on peint avec la palette de… tout le monde. Écrire une émission pour la télévision, c’est comme essayer de comprimer de l’eau. On n’a pas de contrôle. Les réalisateurs, les acteurs, les studios, les chaînes de télé, les producteurs, les monteurs, etc., tous prennent le pinceau. Pour un romancier, il est bien plus difficile de renoncer à ce contrôle. Mais finalement, toutes ces palettes reposent sur les personnages. Ils sont au cœur de toute expression artistique. C’est à la mode d’établir des classements : livres, télé, bandes dessinées, films… C’est du pur snobisme. Il n’y a pas de hiérarchie, juste un ensemble.
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la presse en parle
« Une course contre la montre plus haletante que tout ce que vous pourrez jamais imaginer. » France Dimanche
« Découvrez le prochain John Grisham »
Miami Herald
« Meltzer est passé maître dans l’art d’accrocher et de captiver ses lecteurs à travers une intrigue fulgurante. »
USA Today
« Brad Meltzer est vraiment un maître du thriller juridico-politique. Nuits blanches et frissons garantis, la réflexion en plus, Mort avec retour peut rivaliser […] avec les grands romans de John Le Carré. »
Die Warte