Interview de l’auteur
Comment l’idée de ce roman vous est-elle venue ?
Au départ, je voulais écrire un livre sur les grandes héroïnes de l’histoire, incomprises et calomniées. Marie-Madeleine devait être l’une d’entre elles, parmi, entre autres, Marie-Antoinette, Lucrèce Borgia, Catherine de Russie, Marie-Stuart, etc. En fait, ce livre est devenu celui que mon héroïne, Maureen, écrit dans mon roman.
J’ai commencé par étudier Marie-Madeleine, parce que l’on sait que son image a été volontairement déformée par l’histoire. On le sait, car le Vatican a reconnu que l’idée selon laquelle Marie-Madeleine fut une pécheresse et une prostituée a été créée par Grégoire le Grand au VIe siècle apr. J.-C.
Très vite, son histoire m’a fascinée. Pour moi, Marie-Madeleine est l’icône même de la femme incomprise par l’Histoire. Je pense qu’elle est la vraie fondatrice du christianisme, qu’elle a dû avoir une foi, un courage et une force extraordinaires, non seulement pour survivre mais également pour prêcher. Pourtant, elle a été oubliée par l’histoire. Son parcours est tellement important qu’il fallait absolument que je me concentre dessus.
Au début, je ne pensais pas écrire une fiction, mais toutes les personnes que j’ai rencontrées dans l’édition (dans les années 1990) ont refusé mon projet car je n’étais pas une universitaire, et donc je n’avais aucune légitimité pour proposer une interprétation si controversée de la Bible, d’autant que j’étais une femme ! On m’a dit que mon travail serait interprété comme « un révisionnisme de l’histoire » et même comme de « l’extrémisme féministe » ! Donc j’ai dû choisir un autre moyen de présenter mes recherches, et j’ai choisi le roman. C’était la meilleure décision que je pouvais prendre, puisque cela m’a permis d’intégrer mon propre parcours à l’histoire de Marie-Madeleine.Â
Votre roman comporte de nombreuses révélations sur la vie de Marie-Madeleine. Quelle est la part de vérité et de fiction et en quoi est-ce différent des autres écrits la concernant ?
Je pense que mon livre est le plus complet et le mieux documenté des livres sur Marie-Madeleine ! J’ai effectué toutes les recherches académiques (j’ai d’ailleurs une bibliothèque entière de livres rares que j’ai collectés ces 20 dernières années), mais je ne me suis pas arrêtée là , contrairement à la plupart des universitaires. Je suis allée sur les lieux où la légende de Marie-Madeleine fait partie de la culture locale et j’ai passé des années à interroger les habitants, en Languedoc, en Provence et en Camargue, mais aussi en Italie et en Israël.
Tout ce que raconte dans mon roman est vrai, mais j’ai juré de ne jamais révéler ce que j’ai vu, et où je l’ai vu. Et je compte bien tenir mon serment. Je dois avouer que la plupart des expériences de Maureen sont basées sur les miennes. La bague, par exemple, qui déclenche ses visions à Jérusalem, eh bien, je porte exactement la même. Plus généralement, toute la version de l’histoire de Marie-Madeleine telle que je la raconte – et que je pense être totalement authentique – est fondée sur ce que j’ai vécu.
J’ai été très déçue quand le Da Vinci Code a été publié, parce que cela faisait des années que je présentais mon travail à des éditeurs, qui me répondaient que l’idée d’un mariage entre Jésus et Marie-Madeleine était beaucoup trop polémique ! Et après le roman de Dan Brown, on m’a dit que le mien venait trop tard, alors que cela faisait 20 ans que je travaillais dessus. J’ai fait davantage de recherches sur Marie-Madeleine que quiconque, et ma version est inédite.
Avant tout mon but était de révéler au public une nouvelle lecture sur l’histoire de Marie-Madeleine, en divertissant les lecteurs parce que je pense qu’on apprend toujours mieux en s’amusant !
Le livre a déjà été publié dans de nombreux pays. La plupart des retours que j’ai eus ont été extrêmement positifs. J’ai reçu des milliers de lettres, de toutes les régions du monde et beaucoup de gens se sentent proches de mon histoire, de la vie de Jésus telle que je la présente. Beaucoup ressentent que la ligne traditionnelle du christianisme est trop dogmatique et politique pour eux, alors qu’une spiritualité fondée sur l’amour, la charité, le pardon et la communauté est quelque chose qu’ils peuvent partager.
Votre roman est influencé par deux pays, chers à votre cœur, la France et l’Irlande, dont vous êtes originaire. Comment ces deux pays ont-ils participé à votre aventure romanesque ?
Je pense que l’Histoire en tant que discipline est un leurre. L’Histoire n’est pas ce qui s’est passé, mais ce qui a été écrit. Et cette idée me vient de mes origines irlandaises. J’ai pu le mesurer quand j’ai vécu en Irlande au milieu des années 1980, à Belfast, en pleine période de guerre. Je me suis rendue compte que les événements majeurs (attentats, émeutes…) dont nous étions témoins avec mon mari étaient toujours déformés dans les journaux. Nous avions l’impression de ne pas vivre la même chose ! C’est à ce moment que j’ai voulu faire des recherches et analyser l’histoire d’une manière différente. La culture irlandaise préserve et révère les traditions et la culture orale, qui selon moi, sont souvent plus fiables et plus intéressantes que les livres d’histoire ! J’ai pris conscience par la suite que c’était la même chose en France, que les traditions du Languedoc, des Pyrénées, de la Provence étaient plus importantes que tous les récits académiques.
J’ai énormément voyagé en France depuis 1995 pour mes recherches. Je ne rate jamais le pèlerinage des Gitans aux Saintes-Maries de la mer les 24 et 25 mai, qui célèbre l’arrivée de Marie-Madeleine et de ses compagnons (Sainte Sarah, et les Saintes Maries – Marie-Salomé et Marie-Jacobé) en France. J’adore la Camargue et je pense que c’est une partie du monde tout à fait unique et particulière. Et ma passion pour les départements de l’Aude et de l’Hérault reste inégalable. Je pense que la France est le plus beau pays du monde avec une histoire immensément riche. Le fait que ce pays soit peut-être le vrai berceau du christianisme est un aspect que je veux vraiment explorer et mettre en avant dans mes travaux.
Les Français ont toujours été adorables avec moi, en m’aidant et m’encourageant dans mes recherches. Je suis très contente que mon livre soit publié en France et j’attends avec impatience les réactions du public français même s’il est possible que certains ne soient pas favorables à ce qu’une Américaine écrive sur l’histoire française… Mais j’espère bien que ces lecteurs se rendront compte à quel point j’aime profondément et je révère la culture française.
Votre roman devait, au départ, être une trilogie. Où en est ce projet ?
Le deuxième livre, Le Livre de l’amour est pratiquement terminé. Il parle d’un Évangile écrit par Jésus lui-même, que Marie-Madeleine aurait apporté avec elle en France et qui aurait servi pour créer les premières communautés cathares, persécutées par l’Eglise médiévale parce qu’elles se réclamaient de la descendance spirituelle et biologique de Jésus et de Marie-Madeleine. La dernière copie du Livre de l’amour a été vue au moment du massacre des cathares. Mais a-t-il vraiment disparu depuis ? C’est le cœur du sujet de mon prochain livre… qui fera voyager le lecteur à travers le temps et l’espace, de Louis XI en France à la famille Médicis en Italie.
Le troisième livre se déroulera durant le règne d’Anne d’Autriche, aux premières heures de Louis XIV, avec des révélations au sujet de la construction du château de Versailles !
Mais ce qui devait être au départ une trilogie, ne s’arrêtera peut-être pas là … Mes récentes découvertes à Rome méritent au moins un livre supplémentaire.
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la presse en parle
“L’auteure nous offre un roman captivant de bout en bout et nous entraîne dans un formidable labyrinthe dont on ne sortira qu’au dernier mot.”
Gala
“Une aventure palpitante.”
France Dimanche