Les pieds dans le plat
“J’ai eu la chance de rencontrer Michel Serrault il y a plus de dix ans déjà. À cette époque, nous avons été quelques-uns à lui demander avec ferveur de nous livrer ses mémoires. Serrault, vous avez dit Serrault a été publié quelques années plus tard et a rencontré le succès que l’on sait.
L’immense acteur était aussi un homme bien ancré dans son époque, dans un monde qu’il analysait subtilement. Il a accepté de nous faire partager ses pensées, intelligentes, provocantes, dans Les Pieds dans le plat, et nous étions ces derniers jours encore en phase de finalisation de son nouveau livre, dans lequel il souhaitait parler de son métier.
« Si l’acteur ne bouscule pas la réalité pour aller plus loin dans les émotions ou dans le rire, ce n’est plus un artiste », dit-il en ouverture de cet ouvrage… Michel Serrault était aussi un homme de foi, qui savait, au-delà du rire et des provocations dont il était coutumier, se recueillir et méditer. C’est ce fourmillement que nous voulons garder de lui, ses talents multiples et l’humanité dont il savait faire preuve à chaque instant de sa vie. Il va nous manquer à tous.”
Philippe Robinet
Mettre « les pieds dans le plat » a deux sens très voisins d’après les dictionnaires. Soit commettre involontairement un impair, soit faire exprès de susciter un effet de scandale ou de mettre ses interlocuteurs dans l’embarras en les atteignant ouvertement. Je ne sais plus ce qui relève de l’impair, dans les pages qui suivent, ou de l’attaque volontaire. A moins que l’ensemble n’ait échappé à mon raisonnement sous le coup de l’émotion, de la colère, d’un éclat de rire ou de l’émerveillement.
Bonne lecture !
Michel SERRAULT
Dans ce journal, beaucoup de remarques, de pensées, de critiques, d’applaudissements aussi, se sont échappés sur le papier et je ne les ai pas censurés. Me jugera-t-on avec indulgence ? Je l’espère car c’est avec sincérité et une bonne foi très relative que je réponds aux événements quotidiens, heureux ou malheureux, cocasses ou inattendus, qui s’offrent à mon regard de comédien et à mon cœur de chrétien.