Setna est le nom romanesque, donné par les Égyptiens eux-mêmes à un personnage remarquable, le prince Khâ-em-Ouaset, autrement dit le fils aîné de Ramsès II et d’Iset la Belle. Promis au trône, il s’est d’abord passionné pour les textes anciens, les rituels et les monuments du temps des pyramides. Devenu grand prêtre, considéré comme un sage et un magicien exceptionnel, Setna présida plusieurs fêtes de régénération du pouvoir royal de Ramsès II.
Un chef d’œuvre de la littérature égyptienne met en scène Setna, qui vécut nombre de péripéties, à la fois pour atteindre la Connaissance et sauver son pays, attaqué par les forces du Mal. J’ai souhaité remettre en lumière ce héros de légende en poursuivant l’œuvre des scribes qui avaient envisagé une sorte de Quête du Graal.
En quoi consiste cette « Quête du Graal » pour votre héros ? Quel enjeu est au cœur de votre intrigue ?
Les Égyptiens ont « inventé » l’éternité pour vaincre la mort, grâce à la pratique des mystères d’Osiris, assassiné mais ressuscité par Isis, la grande magicienne. Le symbole de ce triomphe de l’amour et de la vie sur la mort était un vase, précieux entre tous, contenant la substance mystérieuse qui assurait l’immortalité. Le vase sacré d’Osiris était dissimulé dans un lieu inaccessible, protégé par des cercles de feu ; des « formules de connaissance » permettaient néanmoins d’en percer le secret, qui est celui de la vie en éternité, au-delà de toutes les formes de mort.
Or, au cœur de l’intrigue des enquêtes de Setna, un mage noir parvient à s’emparer du vase sacré pour le transformer en arme de destruction. À Setna de retrouver le trésor volé, en tentant de terrasser un ennemi redoutable.
Setna ne traverse pas seul ces épreuves. Il rencontre Sékhet qui deviendra sa fiancée et son alliée. Qui est-elle ?
Sékhet n’a pas réellement existé. C’est un personnage romanesque qui incarne les multiples aspects de la femme égyptienne, de la séduction à la pratique d’une science. Le nom Sékhet qui signifie « le champ, la prairie », est le symbole de la femme de l’Égypte pharaonique, libre de se marier avec l’homme de son choix, « la maîtresse de maison » selon l’expression égyptienne, qui lègue ses biens à qui elle veut, exerçant une profession, en l’occurrence la médecine, si développée sous les pharaons.
Dans Les enquêtes de Setna, elle est initiée aux mystères de la déesse Sekhmet, « la Terrifiante », femme à la tête de lionne et patronne des médecins. Sans Sékhet, sa magie et son savoir, Setna n’aurait aucune chance de vaincre le mage noir ; mais, comme on le verra, ils auront à subir de rudes épreuves, car quantité d’obstacles s’opposeront à leur union.
La magie, le surnaturel, déjà présents dans nombre de vos autres textes, ont une place centrale dans cette nouvelle série…
En Égypte ancienne, ce que nous appelons « surnaturel » imprégnait le quotidien. La première gerbe, lors de la moisson, était offerte aux dieux ; on portait des amulettes pour se protéger des influences néfastes ; des rites éloignaient les démons de la maisonnée ; on écrivait des lettres aux défunts ; on banquetait dans les chapelles des tombes avec l’âme ressuscitée, etc. Il n’existait pas de frontière infranchissable entre surnaturel et naturel, et la « magie », à savoir ce qui permet de détourner les coups du destin et de percevoir les énergies créatrices, était considérée comme une science exacte. En revanche, la magie noire, destructrice, était un crime particulièrement grave, passible des peines les plus sévères. Et le mage noir que le roman met en scène vise à commettre le crime des crimes…
Cette série est différente de ce que vous faîtes habituellement. La narration est ponctuée d’illustrations.
Pour la première fois, en effet, le récit, qui observe un rythme rapide en raison de la succession d’événements qui marquent les investigations de Setna, est accompagné d’illustrations. Mes lecteurs découvriront ainsi une partie de la documentation qui a inspiré un récit destiné, en effet, à tous les âges. Ma plus jeune lectrice étant âgée de sept ans et la plus âgée de cent ans, j’espère que les aventures de Setna feront découvrir à un large public ce personnage d’exception, et les lecteurs pourront ainsi visualiser des personnages, des scènes de la vie quotidienne, des actions. Dans l’art égyptien, images et textes étaient indissociables, chaque hiéroglyphe étant lui-même un dessin… à lire !
La Tombe maudite est le premier volet de la série qui en compte quatre. Vous avez choisi un rythme de parution resserré entre novembre 2014 et mai 2015. Pouvez-vous nous dévoiler quelques éléments de ce premier tome ?
Ce rythme resserré correspond à une exigence des lecteurs qui ne souhaitaient pas trop attendre pour connaître la suite des événements, et je les comprends ! Et au terme du Duel des mages, le quatrième volume, Setna en aura-t-il vraiment fini avec le Mal ?
Dans le premier épisode de ses aventures, La Tombe maudite, nous assistons à la catastrophe majeure : le vol du vase scellé d’Osiris par un mage noir qui a déjoué toutes les défenses. En possession du trésor des trésors, il rêve d’instaurer le règne du Mal, mais de nombreuses conditions sont à remplir pour abattre Ramsès le Grand, à la tête d’un pays riche et puissant. C’est pourquoi le mage manipule, dans l’ombre, une bande de terroristes syriens, implantés en Égypte.
Comment imaginerait-il que le jeune prince Setna, occupé à devenir scribe et ritualiste, deviendrait son principal adversaire ? Setna, qui découvre l’amour en croisant Sékhet, une jeune femme médecin aux dons exceptionnels. Le bonheur est à portée de main, mais ce serait oublier la progression inexorable du mage noir…