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Le Lotus d’or
Et les trois pyramides du Pharaon Snéfrou

2600 avant J.-C.  Vieux et malade, le pharaon Houni s’apprête à disparaître sans successeur désigné. Le fils d’une riche famille, Rek, se voit déjà pharaon et promet à Snéfrou, son ami d’enfance, le poste de Premier ministre.

Il n’avait pas prévu que celui-ci, sorti premier de la haute école des scribes, serait élu roi par le Grand Conseil. Furieux, Rek le provoque en duel, mais le dieu Seth donne la victoire à Snéfrou.

Alors débute un règne extraordinaire pour celui qui deviendra le plus grand bâtisseur de pyramides de l’histoire égyptienne. Snéfrou signifie « Celui qui accomplit la perfection ». Or la perfection, c’est la recherche du lotus d’or où s’épanouit la lumière de l’origine. Une véritable quête du Graal, parsemée de nombreux obstacles et dangers qu’il lui faudra surmonter.

Face à la vengeance de Rek, le pharaon finira-t-il par trouver le lotus d’or ?

Avec ce nouveau roman, Christian Jacq nous donne à découvrir le destin fabuleux du fondateur de la IVe dynastie, bâtisseur méconnu des pyramides géantes. Une aventure pleine de suspense et de rebondissements, magnifiquement racontée par le grand conteur de l’Égypte ancienne. 

Interview de l’auteur

Le Lotus d’or, votre nouveau roman, raconte le règne du fondateur de la IVe  dynastie, bâtisseur méconnu des pyramides géantes, Snéfrou. Pouvez-vous nous le présenter ?

Snéfrou appartient à la période de l’histoire égyptienne qualifiée d’Ancien Empire, qui comprend quatre dynasties. La IIIe fut celle de Djéser et de son génial maître d’œuvre Imhotep, qui créa, sur le site de Saqqara, la première pyramide en pierre de taille, la fameuse pyramide à degrés, toujours visible et fascinante. Vers 2613 avant J.-C., une nouvelle aventure débute. Snéfrou fonde la IVe dynastie, dont la capitale demeure Memphis, à proximité de la ville actuelle du Caire. Son règne dura au moins un quart de siècle, et les Égyptiens le considérèrent comme l’âge d’or de leur civilisation, au point de conserver le souvenir de celui qu’ils appelaient «le bon roi Snéfrou ». Ni guerre, ni troubles sociaux, ni problème économique, mais le plus fabuleux programme architectural de tous les temps. De cet extraordinaire pharaon ne subsiste malheureusement qu’une statue mutilée, mais son œuvre de bâtisseur, elle, a « fatigué le temps », selon l’expression de Chateaubriand.

Pourquoi, selon vous, ces trois pyramides sont-elles si peu connues du grand public ? Et en existe-t-il d’autres ?

Trois pyramides sont attribuées à Snéfrou : celle de Meidoum, la plus au sud de toutes les pyramides, et les deux géantes de Dachour (à peu près de la taille de celle de Khéops), « la rouge » et la rhomboïdale, c’est-à dire à double pente. Si Meidoum est méconnue, c’est à cause de son éloignement des circuits touristiques et de la dégradation de son état extérieur. À l’origine, ce fut une pyramide à degrés, comme celle de Saqqara, puis Snéfrou la transforma en pyramide lisse, son œuvre ultime. L’intérieur, lui, est en parfait état de conservation. Pour bâtir, en même temps, deux pyramides géantes, Snéfrou choisit un site vierge, Dachour, à proximité de la capitale et desservi par un canal. S’il est resté longtemps méconnu, c’est parce qu’il était situé en zone militaire, inaccessible même aux archéologues. Depuis peu, Dachour est ouvert aux visiteurs. Les deux pyramides ont été vidées du sable qui les encombrait, et aménagées avec des escaliers en bois pour que chacun puisse les explorer et découvrir des merveilles architecturales.

Snéfrou a eu un digne successeur dont l’histoire a mieux retenu le nom puisqu’il s’agit de Khéops…

Le successeur de Snéfrou est Khéops, dont la Grande Pyramide est une star incontestée et incontestable. Fils de chair ou fils spirituel ? Avec les anciens Égyptiens, toujours difficile de savoir. En tout cas, Khéops, « fils » de Snéfrou, décida de suivre l’exemple de son «père » et initiateur, et d’amener l’ère des géantes à son apogée. Khéops avait assisté à l’édification des deux pyramides de Dachour et profita de la compétence des architectes pour façonner sa propre demeure d’éternité. Sans Snéfrou et ses innovations, il n’y aurait pas eu de Grande Pyramide de Guizeh.

Dans votre roman, vous présentez la société égyptienne comme une civilisation très avancée, notamment en termes d’hygiène et de médecine, de partage des denrées… Que pouvez-vous nous en dire aujourd’hui ?

Grâce à de nombreux documents – pyramides, tombes, papyrus, stèles, etc. –, nous connaissons bien le fonctionnement de la société égyptienne, particulièrement brillante et harmonieuse pendant l’âge d’or de l’Ancien Empire. Guère plus d’un million d’habitants (cent vingt millions aujourd’hui), agriculture prospère, nombreux troupeaux, Nil regorgeant de poissons, et une règle de vie, celle de Maât, dont l’application commençait par la justice, avec comme obligation « protéger le faible du fort ». Valeur primordiale : le travail, qui donne de l’énergie à l’individu et, par son biais, à la société entière. Dans un monde sans monnaie, c’est l’échange des compétences qui prévaut, fondé sur une exigence de solidarité. Quant au niveau des connaissances scientifiques, transmises par nombre de papyrus, il est tout simplement remarquable. Et que dire des arts, dont les témoignages, en architecture, en sculpture et en peinture, fascinent encore le monde entier ?

L’autre aspect fascinant est le droit accordé aux travailleurs, loin des représentations que l’on a pu en faire, les bâtisseurs des pyramides n’étaient pas des esclaves…

Je pense avoir été l’un des premiers égyptologues, sinon le premier, à dénoncer l’absurde vision d’esclaves suant sang et eau sous un soleil écrasant et les coups de fouet, pour construire des monuments à la gloire de tyrans impitoyables. Bien que certains collègues évacuent cette fausse théorie, répandue par le cinéma hollywoodien, je constate qu’elle perdure dans les ouvrages réputés sérieux. L’esclavage est une pratique grecque, inconcevable sous les pharaons. Lorsque l’on édifiait une pyramide, elle s’accompagnait, à proximité, de la création d’une cité, réservée aux artisans et à leurs familles. Considérés comme l’élite de la nation, ils étaient bien payés et bénéficiaient de tous les services qui leur étaient dus, d’une nourriture abondante et variée jusqu’aux soins médicaux. Aujourd’hui, nous possédons toutes les preuves suffisantes pour ne plus parler d’esclavage en Égypte ancienne.

Les femmes étaient-elles aussi libres et protégées par les lois que vous le décrivez ?

Le père de l’égyptologie, mon saint patron, Champollion, fut le premier à reconnaître, avec étonnement et admiration, la position de la femme en Égypte, sa liberté et ses droits, ce qui était loin d’être le cas dans les autres sociétés de l’époque, et, j’ajouterai, même dans une grande partie de notre monde dit «moderne ». En publiant Ces femmes qui ont fait l’Égypte chez XO, j’ai donné toutes les pièces d’un abondant et surprenant dossier. Parmi quelques faits majeurs : possibilité d’une femme d’occuper toutes les fonctions – de pharaon à cheffe d’entreprise en passant par médecin –, liberté de choisir son mari, de divorcer, d’avorter et de léguer ses biens à qui elle le désire. Dans ce domainelà comme tant d’autres, quel exemple que l’Égypte pharaonique, malheureusement tant ignoré !

Dans votre roman, il y a un très beau personnage, le magicien, qui est, dites-vous, authentique. Quelle était sa fonction auprès du pharaon et, plus généralement, quelle place occupait la magie dans le quotidien des Égyptiens ?

Effectivement, le personnage du magicien, Tête-en-Vie, est célébré dans un texte mettant en scène Snéfrou et ce précieux serviteur, si influent à la cour et protecteur de son roi. Dans notre monde dominé par une rationalité impérieuse, il est difficile de comprendre que pour les anciens Égyptiens, la magie était non seulement une science exacte, mais aussi un mode de gouvernement. La reine est « la grande magicienne » qui concilie les contraires. La magie s’exerce fondamentalement à travers le Verbe, qui transmet de l’énergie à de justes paroles. Au sommet de la hiérarchie des serviteurs du royaume, un magicien digne de ce nom utilise les énergies positives pour consolider l’harmonie de la société et détourner les attaques du Mal sous toutes ses formes. Sans nul doute, celui évoqué dans le roman joua un rôle important dans le destin de Snéfrou.

Qu’avez-vous ressenti en visitant ces pyramides ? Pouvez-vous nous parler de votre expérience d’archéologue de terrain ?

Il m’a fallu patienter de longues années avant de pouvoir pénétrer dans mes deux pyramides de Dachour, inaccessibles. L’émotion fut considérable, étant donné la splendeur architecturale et l’ampleur du parcours spirituel qu’offrent ces monuments, dont l’intérieur est quasiment intact. Ils sont véritablement construits en «belles pierres d’éternité», et leur magie continue à opérer avec une intensité particulière. Ne nions pas, cependant, surtout en ce qui concerne la pyramide à double pente, l’épreuve physique que représente cette exploration. Avancer courbé dans une longue descenderie, grimper des escaliers, ramper dans un étroit boyau, se redresser pour admirer des voûtes qui élèvent l’âme… Cette expérience, et bien d’autres vécues pendant soixante ans sur le terrain, j’ai effectivement l’intention de les raconter, avec l’espoir de réserver quelques surprises à mes lecteurs.

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