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La Reine Liberté
Tome 1 : L'Empire des ténèbres

Quand une jeune fille rebelle dit non à l’occupation et à la barbarie…

Au XVIIIe siècle avant Jésus-Christ, au terme du Moyen Empire, une armée de barbares venus d’Asie sur des chars attelés à des chevaux (les Egyptiens n’en avaient encore jamais vu !), parvient à envahir l’Egypte, ravageant tout sur son passage avec une incroyable violence. On les appelle les Hyksos, les ” chefs des pays étrangers “.

Quarante ans plus tard, l’Egypte exsangue a renoncé à toute forme de lutte, ployant sous les impôts, l’injustice et l’esclavage. Le chef des envahisseurs, Apophis, règne en maître cruel sur l’ancien Empire, installant sa capitale militaire à Avaris, sur la lisière nord du Delta, et s’acharnant à détruire ce qui reste de la somptueuse civilisation passée. Une seule cité n’a pas cédé, Thèbes, à la tête de laquelle règne encore une reine désespérée, Téti la Petite. Car Téti sait que les hommes ont capitulé, qu’elle est seule et impuissante dans son palais déserté.

Mais Téti a une fille de dix-huit ans, Ahotep. Et Ahotep, elle, n’a jamais accepté la défaite : « Lorsqu’on n’a pas le choix, dit-elle souvent, on est libre ! » Elle est fière, belle, courageuse, elle n’a peur de rien. Et c’est ainsi qu’elle décide, devant sa mère effrayée, de prendre la tête de la résistance égyptienne ! A elle seule ! Et avec ceux qui voudront bien la rejoindre ! Avec la liberté en signe de ralliement…

Le premier à se présenter, guère plus âgé que la princesse, est un aide-jardinier, Séqen. Lui aussi a décidé de se battre, et Ahotep l’engage aussitôt. Bien sûr, la reine Téti se range au côté de sa fille, ainsi que Qaris, l’intendant du palais. Bientôt Héray le boulanger se joint à la petite troupe, et peu à peu la résistance prend corps, grâce au charisme d’Ahotep – que Téti nomme Reine à sa place, pour officialiser son juste combat.

Ce qu’ils ne savent pas, c’est que la révolte gronde aussi ailleurs : à Memphis, où deux hommes, un Afghan et un Egyptien, ont réussi à leur tour et au péril de leur vie à organiser une troupe de combattants itinérants ; à Edfou, où le gouverneur n’a pas non plus accepté les règles de l’envahisseur ; à Avaris même, où les terribles exactions d’Apophis devenu Empereur, viols en série, tortures incessantes, exécutions sommaires, réveillent les consciences rebelles.

Combien sont-ils, prêts à mourir pour libérer l’Egypte de la tyrannie, Ahotep et Séqen n’ont pas vraiment les moyens de le savoir, mais ils s’aiment, et cet amour leur donne la force d’affronter le pire… Car c’est bien du pire qu’il s’agit, étant donné les pouvoirs et la puissance de l’occupant.

Interview de l’auteur

La Reine Liberté nous raconte l’incroyable destin d’une jeune fille qui a décidé de sauver l’Egypte à une période dramatique de son histoire, une Egypte ployant sous le joug d’envahisseurs particulièrement cruels…

En effet, au XVIIIe siècle avant Jésus-Christ, l’Egypte pharaonique a subi la première invasion de sa longue existence. Les envahisseurs en question sont les Hyksos – en égyptien ancien, les hekaou khasout, “chefs des pays étrangers”. Il s’agit d’une puissante coalition venant des régions de l’Est, formée de nombreuses peuplades, parmi lesquelles des Cananéens, des Anatoliens, des Chypriotes, des Asiatiques, des Caucasiens, entre autres… 

Et les Égyptiens n’ont pas été capables de résister ?

D’abord, c’était la première vague d’invasions qui déferlait sur le pays, et les Égyptiens ne s’y attendaient pas. Ensuite, la riche civilisation pharaonique n’avait pas développé d’aspect militaire et ne disposait que d’une armée modeste, laquelle n’avait pas installé de fortifications dans le couloir syro-palestinien. Enfin, les Hyksos étaient largement supérieurs en nombre et détenaient une arme nouvelle et terrifiante : des chars de guerre attelés à des chevaux – jusqu’alors inconnus en Egypte ! Deux chevaux tiraient ces chars en bois sur lesquels se tenaient quatre soldats, l’un dirigeant l’attelage, les autres armés d’arcs et de lances à pointe de bronze. Tout cela explique que, lors du déferlement hyksos, l’armée égyptienne fut aisément balayée.

Au début de votre roman, alors que l’Égypte est déjà exsangue après une longue d’occupation, une seule ville a réussi à échapper au pouvoir hyksos : Thèbes. Et c’est là que nous rencontrons Ahotep…

Ahotep est une jeune princesse qui vit dans cette petite cité agonisante du sud de l’Egypte, Thèbes, dite aussi Ouaset, ” La Puissance (divine) “. Sa mère, Téti la Petite, devenue reine à la mort de son époux (le dernier pharaon régnant à Thèbes avant l’occupation), préserve un semblant d’indépendance en tentant de se faire oublier… Mais Ahotep porte un nom prédestiné : Iâh-hotep – Iâh désignant le dieu Lune (nom masculin en égyptien), un dieu parfois agressif ; et hotep signifiant ” paix, plénitude, accomplissement “, l’ensemble pouvant se traduire par ” Que le dieu Lune soit accompli “, ou bien ” Guerre et paix “. En lui donnant ce nom, sa mère lui offrait un redoutable programme de vie : pour que l’Egypte soit à nouveau libre et connaisse la paix, il fallait passer par la guerre.

Ahotep fut la femme qui a dit non ; non à la barbarie, non à l’occupation, non à la destruction programmée de son pays et de son peuple. Passionnée, courageuse, ne cédant jamais au désespoir, désireuse de préserver les valeurs qui avaient créé l’Egypte ancienne, elle n’hésita pas à entamer un long combat qui paraissait perdu d’avance.

Mais Ahotep a besoin d’aide, et va en trouver autour d’elle. En premier lieu, un jeune homme, Séqen, qui est venu de la campagne pour apprendre à se battre. A eux deux, ils commencent à organiser une vraie base de résistance…

Ahotep va rapidement épouser Séqen, qui devient pharaon sous le nom de Séqen-en-Râ, ” le Vaillant de la lumière divine “. Et ensemble, ils fondent en effet une base secrète au nord de Thèbes, dont on a d’ailleurs retrouvé les traces. Leur premier obstacle, ce sont les collaborateurs thébains qui espèrent, eux, l’arrivée des Hyksos. Le couple doit donc organiser un véritable réseau de résistance et souder la population.

Ensuite, ils recrutent des volontaires et forment une solide petite armée, qui n’hésitera pas à entreprendre une guerre de libération. Bien entendu, il fallait œuvrer dans le secret afin de ne pas attirer l’attention des Hyksos, et rendre la base militaire ” opérationnelle ” fut un travail de longue haleine.

Dans le même temps, à Avaris, la capitale des Hyksos, l’anéantissement de la splendeur égyptienne bat son plein : ordre est donné de détruire les monuments, la population est asservie, les récalcitrants sont envoyés dans des camps. Même s’il s’agit d’un roman, est-ce que cette tragédie a vraiment existé ?

Cette tragédie a malheureusement eu lieu, comme le prouve le dossier archéologique et certains textes, dont celui de l’historien Manéthon. Les Hyksos, qui gouvernent sans la déesse Maât, ” la rectitude fille de la lumière “, imposent une dictature militaire et économique, avec l’intention évidente de détruire la civilisation égyptienne. Avaris est avant tout une citadelle et la caste dominante est celle des militaires. L’empereur, Apophis, porte le nom du serpent maléfique dont le but est de supprimer toute forme de vie en buvant l’eau du Nil et de transformer les Deux Terres en désert. Ce seul nom du chef des Hyksos était, pour les Egyptiens, aussi abominable qu’effrayant ! Ainsi, l’occupation fut effectivement très dure et le camp de concentration de Sharouhen exista bel et bien.

Ahotep et Séqen vont avoir deux enfants, Kamès et Amosé, qui deviendront tous deux pharaons après la mort terrible de leur père…

Séqen fut le premier pharaon à entreprendre une lutte directe contre les Hyksos. Il fut malheureusement tué au combat, et certains indices font penser à une trahison. Les soldats égyptiens réussirent cependant à ramener son corps à Thèbes, et Séqen fut rituellement momifié. Néanmoins, Ahotep exigea que les momificateurs laissent apparentes les terribles blessures à la tête. Et l’on peut voir cette momie au musée du Caire, où elle est exposée en compagnie de celles de Séthi Ier et de Ramsès II.

Qui peut alors reprendre le rôle de Séqen ?

Kamès, le fils aîné, était encore trop jeune pour régner et commander l’armée. C’est Ahotep qui reprit le flambeau, en devenant régente. Elle aurait pu, certes, devenir pharaon, mais elle ne le voulut pas, préférant préparer son fils à cette tâche.

Le pharaon Kamès nous a laissé deux stèles dont les textes, d’une grande importance historique, nous offrent quantité de détails sur ses exploits.

Ahotep est vraiment un personnage extraordinaire, fascinant, et cela paraît incroyable qu’elle ait été si longtemps ignorée… Comment en avez-vous retrouvé la trace ?

Voilà bien longtemps que je m’insurgeais contre la maigre reconnaissance que les égyptologues témoignaient à Ahotep ! Elle est, certes, citée dans les principaux manuels, mais en passant et sans souligner l’importance de son rôle. J’ai donc rassemblé un maximum de documents concernant cette époque afin de mieux comprendre ce qui s’était passé. Le simple fait qu’Ahotep soit la seule reine de toute l’histoire de l’Egypte à recevoir une décoration militaire prouve le caractère déterminant de son action – à la fin de ce premier volume de La Reine Liberté, je donne une bibliographie qui fut ma base de travail.
Dans un texte heureusement conservé, Amosé dit à son propos : “Celle qui a accompli les rites et pris soin de l’Egypte. Elle a veillé sur ses troupes et les a protégées. Elle a ramené les fugitifs et rassemblé les déserteurs. Elle a pacifié la Haute-Egypte et chassé les rebelles.”

Je voudrais ajouter que je suis heureux d’avoir, en quelque sorte, ressuscité cette Reine qui sut défendre et affirmer la valeur fondamentale de Liberté… Elle demeura, d’ailleurs, un modèle pour les reines du Nouvel Empire qui, pour la plupart, jouèrent un rôle essentiel dans le gouvernement de l’Egypte.

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la presse en parle

« À la manière d’un conte, Christian Jacq fait revivre cette période de reconquête. Que de cruauté, que de trahisons dans le premier volet de cette nouvelle saga… »
Ici Paris

« Un nouveau et merveilleux roman. Palpitant ! »
France-Dimanche

« Ce charme, c’est toute la griffe de Christian Jacq, une subtile alchimie de réalisme, de vérité, de lyrisme, d’onirisme et surtout, d’une immense tendresse pour cette civilisation égyptienne à laquelle il a consacré sa vie. »
Le Rouergat

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