Interview de l’auteur
Pourquoi raconter la Bible alors qu’on peut la lire ?
Combien de fois nous sommes-nous dit que nous devrions lire la Bible ? Elle est là, dans notre bibliothèque, coincée près des dictionnaires, comme une mauvaise conscience. Nous l’avons reçue enfant ou nous en avons hérité. Pourtant, si nous avons entrepris l’aventure, le livre nous est vite tombé des mains. Partis avec ardeur et courage, nous avons découvert des textes dont nous comprenons les mots, mais dont nous n’arrivons pas à percer le sens. Et finalement, la Bible est retournée sur son étagère où elle s’empoussière lentement en même temps que nos mémoires. Demeure cependant l’idée que nous devrions la lire. N’est-elle pas un patrimoine de l’humanité ? Ces textes vieux de plus de deux millénaires ne sont-ils pas nos racines, celles de notre culture, que nous soyons croyants ou pas ?
Est-il si difficile de lire la Bible ?
La Bible a été écrite dans une culture qui a complètement disparu. Bien que tous les mots soient simples ‒ nous disposons de traductions d’excellente qualité –, nous ne comprenons pas la « langue de la Bible » parce que l’univers mental de ceux qui l’ont écrite nous est devenu totalement étranger. Nous sommes un peu comme des jeunes qui auraient toujours écouté de la musique pop et rock et à qui on demanderait de s’asseoir pour entendre une pièce pour le piano d’Érik Satie. La première réaction serait l’incompréhension, pas assez de bruit, pas assez de notes, trop de silence… Ainsi est le texte biblique, pas assez bruyant, pas assez rapide. À cette difficulté, s’ajoute le caractère composite des textes qui sont parvenus jusqu’à nous. Non seulement ils ne sont pas l’œuvre d’une seule plume, mais ils sont été remodelés pendant plusieurs siècles avant d’être considérés comme intouchables.
Y-a-t-il eu des livres qui racontaient la Bible ?
Oui, nos grands-parents recevaient des Histoires saintes : mais ces ouvrages étaient plein de mièvrerie et de bigoteries et transformaient les histoires bibliques en fades fables morales et leurs héros en petits saints. Ce genre littéraire ne restituait pas la puissante verve des textes originaux : les histoires de la Bible ne sont guère morales. Les « héros » y sont la plupart du temps aussi roublards que menteurs, aussi jaloux que rancuniers, bref, humains, plein de désir, de vitalité et de passion. La Bible est le grand roman des passions humaines. À tel point que l’Église catholique en a longtemps déconseillé la lecture ! C’est cette puissance de sentiments, cette richesse d’histoires – celles que l’on croyait connaître, comme Noé, Adam et Ève, Sodome et Gomorrhe, ou celles dont on a jamais entendu parler, enfouies dans les pages de la Bible, comme la ruse de Rébecca, le coup de foudre pour Rachel, la jalousie des frères de Joseph – que j’ai voulu raconter. Si pour les croyants, la Bible est la Vérité qui décrit la relation entre Dieu et les hommes, elle est, pour tous, un texte magnifique, puissant, troublant. Le miroir de l’humanité, dans sa bonté comme dans ses côtés les plus sombres.
Sur la forme, quel a été votre parti pris ?
Je ne me suis pas éloignée du texte. J’ai imaginé un narrateur – Yehuda, un scribe – qui vit au IVe siècle avant notre ère, au moment où le texte biblique est fixé. Il part en voyage et raconte chaque soir, à la veillée, des scènes bibliques. Mon but était de permettre aux lecteurs d’entendre la Bible. J’ai suivi cette ligne narrative comme on suit une ligne mélodique. Parfois j’ai déployé le récit original parce qu’il était écrit avec une trop grande économie de mots, parfois, au contraire, j’ai enjambé les passages obscurs ou répétitifs. Au fond, j’ai voulu raconter la Bible comme je l’aime : pleine de passion et de fracas, de haine et de tendresse, de violence, d’humour et d’amour.
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la presse en parle
“Un premier volume rédigé tambour battant, de ceux que n’aurait pas reniés un Alexandre Dumas de la meilleure veine”
Samuel Lieven, La Croix
“Racontée comme une saga,la Bible vous passionnera.”
Alain Maestracci, Nice-Matin
“Christine Pedotti s’est lancée dans une aventure qui en aurait fait frémir plus d’un : raconter la Bible à la manière d’un roman, en faire un ouvrage accessible et palpitant. Le résultat est parfait…”
Florence Dalmas, Le Dauphiné Libéré