Femmes sous emprise
Les ressorts de la violence dans le couple
En France, chaque année, une femme sur dix est victime de violence dans son couple, trois femmes en meurent tous les quinze jours.
Les agressions physiques dans le couple n’arrivent pas soudainement. Bien avant les bousculades et les coups, il y a une escalade de comportements abusifs et d’intimidations. La pire violence n’est pas la plus visible. Si les femmes ne partent pas, c’est qu’elles ont été piégées, mises sous emprise. Comprendre l’emprise, c’est aussi s’en déprendre.
Marie-France Hirigoyen, à partir de nombreux exemples, analyse les ressorts de la violence au sein du couple car il faut comprendre pour agir.
Un livre utile et pratique qui permet d’intervenir très tôt, dès les premiers signes de violence psychologique, bien avant l’apparition de la violence physique.
On condamne la violence partout, mais quand elle concerne l’intimité des couples, elle est mise sous le boisseau. En France, tous les cinq jours, une femme est tuée par son partenaire. Comment en parler ? Sait-on vraiment ce qui se passe entre eux dans le secret de l’alcôve ? Alors, on fait semblant de l’ignorer, c’est du domaine privé.
Résultat : la violence dans le couple est un sujet peu analysé par les spécialistes de la relation, on s’en tient encore à l’explication selon laquelle les femmes prendraient du plaisir à souffrir. Du masochisme en somme…
Ou, quand on se décide à en parler, sous la pression d’associations de défense des femmes ou d’organisations féministes, on ne parle que de ce qui se voit et laisse des traces (coups, hématomes, brûlures…), des « preuves » au sens juridique : la violence physique.
Sans vouloir minimiser le rôle considérable joué par ces militant(e)s pour condamner sur la place publique les conjoints violents et protéger leurs victimes, l’auteur, spécialiste de la violence perverse, arrive, par une analyse détaillée du phénomène d’emprise, à convaincre que la pire violence n’est pas celle qu’on croit. On ne peut réduire la violence de couple à ses aspects culturels et sociaux ; elle comporte aussi des éléments psychologiques. Là où circulent les affects les plus forts peuvent émerger les souffrances les plus intenses.
Que dire de ces individus violents qui, sans porter le moindre coup, réussissent à détruire leur partenaire ? Certains actes ne sont pas condamnables sur le plan juridique, mais sont néanmoins destructeurs sur le plan psychologique et une grande violence peut se dissimuler sous une apparence de bienveillance ou derrière des bonnes paroles : « Je dis cela parce que je t’aime ». Pas vus, pas pris !
La violence conjugale atteint tous les milieux sociaux sans exception, et malheureusement, quand elle est le fait d’un notable (médecin, magistrat…), on préfère mettre en doute le témoignage de la victime…
Dans 98% des cas recensés, l’auteur de violences est un homme. C’est pourquoi il s’agit majoritairement dans ce livre de femmes victimes et d’hommes agresseurs, tout en sachant que des situations inverses existent.
L’auteur met en garde contre deux écueils : dénoncer la violence faite aux femmes ne devrait en aucun cas aboutir à opposer les hommes et les femmes. Par ailleurs, s’il faut s’attaquer à la racine du mal et apprendre à débusquer une violence plus sournoise mais plus nocive, il ne s’agit pas non plus de porter devant les tribunaux tous les actes de maltraitance commis par des conjoints violents.
S’appuyant sur une solide expérience professionnelle auprès de personnes victimes de violence psychologique, elle s’attache à montrer les vulnérabilités respectives des victimes et des agresseurs. A l’aide de nombreux témoignages, elle explique pourquoi, contre le sens commun, les victimes ne partent pas si aisément. Selon elle, seule une compréhension fine des ressorts de la violence subie permettra aux femmes de se dégager de l’emprise qui les paralyse et à notre société de mettre en place une vraie prévention.