Familles, je vous aime
Politique et vie privée à l'âge de la mondialisation
Le XXe siècle aura agi comme un acide. A l’instar des statues monumentales de ces dictateurs déchus qu’on voit s’effondrer lourdement dans les images de nos journaux télévisés, les valeurs traditionnelles ont été mises à bas ou ébranlées. Après la déconstruction de la tonalité en musique, de la figuration en peinture, de la chronologie dans le roman, les principes des Lumières et de la République ont eux aussi été déconstruits. Selon un formidable paradoxe, ce siècle de déconstructions aura libéré une mondialisation libérale qui exigeait, elle aussi, la liquidation des idéaux les plus sacrés.
Faut-il reconstruire ? Sur quelles valeurs ? La conviction qui anime ce livre est que la réponse se trouve du côté d’une vie privée dont la montée en puissance ne doit pas être interprétée comme un « repli individualiste » ou un « renoncement aux affaires du monde ». Elle représente au contraire un extraordinaire potentiel d’élargissement de l’horizon : la vérité d’un humanisme enfin parvenu à maturité et non son dévoiement dans l’égoïsme et l’atomisation du social. Ce bouleversement sans précédent s’enracine directement dans l’histoire, aussi passionnante que méconnue, de la famille moderne et du mariage d’amour. C’est de ce phénomène crucial qu’il faut partir pour redonner des marges de manœuvre et du sens à une politique enfin authentiquement démocratique.