Ces femmes qui ont fait l’Égypte
Champollion, le célèbre déchiffreur de hiéroglyphes, l’affirmait : on peut apprécier le degré de civilisation d’un peuple selon la place qu’il accorde aux femmes ! De ce point de vue, l’Égypte antique fut remarquable : égales des hommes dès les origines, elles ont tenu un rôle majeur, et pas uniquement comme épouse et mère.
Au fil des dynasties, des personnalités féminines ont façonné la société égyptienne grâce à la fonction qu’elles exerçaient, de la plus haute à la plus modeste : cheffe d’État, supérieure d’un temple, médecin, dirigeante d’entreprise, musicienne, scribe, paysanne…
Dans ce livre passionnant, d’illustres figures, telles les pharaons Hatchepsout, Néfertiti et Cléopâtre, côtoient d’autres Égyptiennes, moins célèbres mais tout aussi libres et flamboyantes. Toutes ces personnalités, racontées avec talent et enthousiasme par Christian Jacq, ont un point commun : elles sont les héritières de la déesse Isis, qui détenait le secret de la résurrection et donnait aux femmes cette place essentielle.
Interview de l’auteur
Dans ce livre, vous brossez le portrait de près d’une quarantaine de figures de femmes égyptiennes qui « ont fait l’Égypte », illustres ou anonymes. Comment les avez-vous choisies et pourquoi ?
En suivant un ordre chronologique, des origines de la civilisation égyptienne à son extinction, j’ai choisi des femmes représentatives de la société pharaonique, du sommet (reines « incontournables » comme Hatchepsout ou Néfertiti) à la base, telle une simple paysanne ou une pilote de bateau. L’on s’aperçoit ainsi qu’une femme, en fonction de ses compétences, avait accès à tous les échelons, y compris la direction de l’État.
De façon générale, quelle place les femmes avaient-elles dans cette civilisation ?
Sous les pharaons, et dès la première dynastie, la femme fut considérée comme l’égale de l’homme et occupait des fonctions importantes dans la haute administration, le domaine médical, le monde des affaires, le champ artistique, etc. Il y eut même une Jeanne d’Arc égyptienne qui organisa une armée pour libérer le pays d’une occupation étrangère. Et n’oublions pas qu’une femme pouvait diriger un temple et assumer un rôle de cheffe spirituelle.
D’où tenaient-elles ce pouvoir ?
Toutes les femmes de l’Égypte pharaonique sont des filles d’Isis, l’épouse d’Osiris, roi assassiné à l’issue d’un complot. Rassemblant les parties dispersées du corps de son époux, elle réussit à le ressusciter. Et, de leur union au-delà de la mort, naquit Horus, modèle des pharaons. C’est donc une femme, épouse et mère modèle, qui connaît à la fois le secret de la résurrection et de la lumière. La vie en éternité fut rendue possible grâce à cette « grande magicienne », dont chaque femme est une héritière.
À quel moment leur pouvoir s’est-il érodé et pourquoi ?
Occupée par les Perses, l’Égypte dut sa libération à Alexandre le Grand. Le général Ptolémée monta sur le trône des pharaons, et la civilisation grecque s’installa à Alexandrie, imposant la monnaie, l’esclavage et la suprématie masculine. Peu à peu, les Égyptiennes perdirent leur indépendance et subirent, dans tous les
domaines, la tutelle d’un mâle. Christianisation et islamisation aggravèrent encore la situation.
De tous ces destins, quel est celui qui vous paraît le plus exceptionnel ?
Le plus exceptionnel des destins fut sans nul doute celui d’Isis, victorieuse de la mort, qui ouvrit aux humains les portes de l’éternité. Je citerai aussi Hatchepsout, reine, régente et pharaon, dont le règne fut heureux et brillant, et Néfertari, fille de notables provinciaux, qui devint la Grande Épouse royale de Ramsès II, lequel fit construire pour elle l’un des deux temples d’Abou Simbel. Quant à la tombe de Néfertari, dans la Vallée des Reines, elle est un hymne inégalable à la beauté et aux qualités spirituelles de la femme.
Si vous deviez retenir un élément de modernité dans la place accordée aux femmes à cette époque, et qui passait pour être « inspirant », ce serait lequel ?
Un profond respect mutuel entre la femme et l’homme, un sentiment de complémentarité sans esprit de compétition, et la valorisation du couple comme un élément indispensable de l’harmonie sociale. Bénéficiant de cette estime fondamentale, la femme, en Égypte ancienne, était libre de ses choix de vie, ce qui est loin d’être le cas, aujourd’hui, pour des millions de femmes.
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la presse en parle
“L’égyptologue peint joliment, à travers leurs portraits, une société très ancienne… et très en avance sur son temps, où la femme occupe une place de choix.”
Jean-Christophe Buisson, Le Figaro Magazine
” Un véritable manifeste féministe qui peint par touches successives une société incroyablement avancée socialement, dans laquelle la femme est l’égale de l’homme, très au-delà du rôle d’épouse et de mère. “
Xavier Milan, Pleine Vie