Blasphème
Condamnée à mort pour un verre d’eau.
Il fait 45 °C ce jour-là, dans ce champ du Pendjab. Asia cueille des baies depuis plusieurs heures. Une récolte éprouvante, mais Asia et son mari ont cinq enfants à nourrir. Vers midi, en nage, Asia va jusqu’au puits le plus proche, prend un gobelet et boit de l’eau fraîche. Un verre, puis un autre.
C’est alors que sa voisine par jalousie, par bêtise, crie que cette eau est celle des femmes musulmanes et qu’Asia, chrétienne, la souille en s’en servant.
Le ton monte… Et soudain, un mot fuse : « Blasphème ! ». Au Pakistan, c’est la mort assurée. Le sort d’Asia est scellé.
C’était le 14 juin 2009. Asia Bibi est jetée en prison. Un an après, elle est condamnée à être pendue. Depuis elle croupit dans une cellule sans fenêtre. Sa famille a dû fuir son village, menacée par les extrémistes.
Deux hommes lui sont venus en aide : le gouverneur du Pendjab et le ministre des Minorités, un musulman et un chrétien. Tous deux ont été assassinés sauvagement.
Asia Bibi nous écrit du fond de sa prison. Elle est devenue une icône pour tous ceux qui luttent, au Pakistan et dans le monde, contre toutes les violences faites au nom des religions.
Le 30 octobre 2018, la cour suprême d’Islamabad a acquitté Asia Bibi de tous ses chefs d’accusation. Et pourtant, devant la violence des protestations des mouvements islamistes radicaux, le gouvernement n’a toujours pas ordonné sa libération. Pire, son mari, présent au Pakistan, est aujourd’hui menacé de mort. Le temps presse et seule une mobilisation massive de l’opinion française serait en mesure de sauver Asia Bibi et les siens.