Interview de l’auteur
Oksa Pollock est une série de romans pour adolescents qui rencontre un énorme succès.
Pouvez-vous revenir pour nous, en quelques mots, sur l’aventure éditoriale Oksa Pollock ?
Cendrine : En 2006, le premier tome étant fini, nous l’avons envoyé chez un éditeur qui l’a refusé. J’étais furieuse, et j’ai lancé : « Puisque c’est ça, on va le publier nous-mêmes.». Le lendemain je faisais les démarches administratives et c’était parti. Nous avons retravaillé le texte, coupé, amélioré, et nous l’avons soumis pour lecture à des ados dans un collège, ils ont tout de suite accroché et aimé. Ça nous a donné confiance. Une fois créée notre « maison d’édition » Du Dehors, nous avons fait un premier tirage de 1 000 exemplaires. Le site internet, conçu par un copain, a été mis en ligne, nous avons contacté les libraires. Et puis un jour les deux palettes de livres sont arrivées, un grand moment de plaisir et de panique aussi, nous les avons répartis chez Anne, chez moi, chez des amis, il y avait des cartons partout !Ensuite j’ai acheté un chariot, et nous voilà parties chez les libraires. En quelques semaines, les mille exemplaires étaient vendus ! Nous en avons retiré…
Anne : Le deuxième tome est sorti en octobre 2007, là c’était lancé, il était attendu, nous avions des commandes à foison. Nous avons reçu des centaines de messages d’encouragement, avons fait des salons. Nous avions un moteur : les jeunes ont adhéré si fortement qu’ils nous portaient, on se rendait compte qu’il y avait des lecteurs qui attendaient la suite, c’est une sensation extraordinaire.Puis tout a basculé à partir de la colère de certains jeunes lecteurs d’Oksa Pollock qui nous soutiennent depuis le début et voulaient nous rencontrer au Salon pour la Jeunesse à Montreuil. Nous n’avions pas les moyens de nous payer un stand. Nous leur avons expliqué notre situation, celle des auteurs autoédités. Et tout à coup leur est apparue la fragilité de leur héroïne : Oksa n’ayant pas de véritable éditeur, que se passerait-il si nous ne pouvions plus faire face ? Alors, ils ont comploté. Un jour nous avons reçu la copie d’une lettre de protestation passionnée, qu’ils avaient envoyée aux grands journaux et aux éditeurs…
Cendrine : Puis est arrivé le coup de fil de XO, la rencontre avec Bernard Fixot qui nous a accueillies avec un enthousiasme stupéfiant. Tout ça en quelques jours, et grâce aux jeunes !
Nouvelle étape, cette adaptation BD. Qu’est-ce qui vous a séduit dans l’idée d’adapter votre série en bande dessinée?
Cendrine : Voir comment d’autres s’approprient nos textes, comment ils les transforment en images, c’est troublant! La bande dessinée est une autre façon de lire, avec d’autres mécanismes, une autre forme d’imaginaire. Cette adaptation permettra aux fans de la série de la voir (au sens propre !) sous un autre angle et à ceux qui ne connaissent pas Oksa Pollock de faire sa connaissance.
Anne : Je trouve toujours captivante l’idée de partir de quelque chose d’existant et d’en faire autre chose. Concernant l’écriture d’Oksa, ce fut notre point de départ : utiliser les ingrédients incontournables de la littérature fantastique (créatures, pouvoirs, monde parallèle, quête, lutte bien/mal) et fabriquer une histoire qui nous est propre. L’adaptation BD entre dans ce type de schéma pour moi : mettre l’histoire en image sur la base du texte et le (re)découvrir sous une forme diff érente et en même temps très proche. Avec une dimension supplémentaire : l’admiration pour un art qui m’est interdit, je suis un désastre en dessin !
Êtes-vous vous-mêmes des lectrices de bande dessinée ? Quels sont vos univers de prédilection dans ce domaine ?
Cendrine : Mes références sont plutôt anciennes (classiques ?) et Gaston Lagaffe reste mon préféré. Mais les comics et leurs super-héros ont aussi eu beaucoup d’importance pour moi.
Anne : Enfant, Lucky Luke m’amusait beaucoup… Mais je dois le confesser : je suis une vraie néophyte en matière de bande dessinée. Mon dernier coup de coeur n’a pas la désinvolture hilarante de Lucky Luke : « Trente jours de nuit » de Steve Niles et Ben Templesmith. La fascination de l’horreur…
Comment avez-vous travaillé avec Eric Corbeyran sur le scénario?
Cendrine : Je ne crois pas me tromper en disant qu’Eric a été très autonome pour l’écriture et son regard, son point de vue nous ont immédiatement séduites. Confiance absolue envers le professionnel qu’il est !
Anne : Quand j’ai lu les premières pages du scénario, j’ai tout de suite compris que l’humour prendrait une belle place dans le traitement qu’il allait faire de l’histoire, et j’ai adoré ! Je me suis même surprise à rire des dialogues de certaines créatures… D’autres que lui seraient peut-être partis sur d’autres aspects, chacun sa perception. Mais j’apprécie celle d’Eric, et la façon dont il a abordé la magie, la fantaisie, ainsi que le côté plus affectif, c’est très bien vu. Avec l’alliance des illustrations de Nauriel, le résultat est tout à fait fidèle au livre, bravo à eux deux !
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