L’heure des fauves
Romans Thriller et policier
Qui est cette femme, égorgée devant un commissariat où elle tentait de trouver refuge ? Pourquoi lui avoir coupé une main ? Et pourquoi ce tatouage sur son bras : « Les hommes ont autorité sur les femmes » ?
Pour Chloé Latour, commandante à la Crime de Marseille, ce meurtre odieux n’est pas un cas isolé. Elle est convaincue qu’un réseau tentaculaire se cache derrière ce féminicide. Pire encore, l’affaire réveille ses propres cauchemars et lui donne une raison personnelle de retrouver ce tueur démoniaque. Quitte à se perdre dans les terres les plus hostiles…
Des cités chaudes de Marseille aux déserts d’Arabie saoudite, de Dubaï aux îles turques, la piste que Chloé va remonter la conduira vers une effroyable vérité.
Un chemin de violence absolue, dans l’univers codifié des narcotrafiquants, du rap, des fous de Dieu et des princes de l’or noir.
Pour elle, l’heure des fauves a sonné.
L’heure des fauves est le troisième thriller d’Olivier Descosse mettant en scène l’enquêtrice Chloé Latour. Son dernier opus, Le Cirque du Diable, publié chez XO éditions, a été couronné en 2024 par le Prix de l’évêché-Polars du Sud.
Interview de l’auteur
Avec L’Heure des fauves, votre dernier thriller, vous abordez, dans une intrigue tendue et un style particulièrement nerveux et réaliste, la question des violences faites aux femmes. Pourquoi avoir choisi ce sujet?
Il me semblait évident. Les violences faites aux femmes sont un fait de société qui me travaille depuis pas mal de temps. De plus, j’ai trois filles, dont une ado, et j’ai souvent l’occasion d’en parler avec elles. Lors d’une audience correctionnelle où je plaidais un dossier de diffamation, une affaire de violence conjugale était évoquée pendant que j’attendais mon tour. Je vous passe les détails sordides, mais ce qui m’a le plus frappé était la façon dont le président de la chambre gérait l’interrogatoire du prévenu. Le type était récidiviste, mais il lui parlait comme à un enfant, en faisant attention à ne pas trop le brusquer, comme s’il n’était pas vraiment responsable… Malheureusement, la justice ne prend pas toujours la mesure des enjeux, des souffrances des victimes, des vies brisées par cette violence, souvent domestique et quotidienne, qui détruit les corps et les esprits, et se termine dans certains cas par un féminicide. En dépit des bonnes volontés évidentes, il y a encore du chemin à faire avant que ce problème de société ne soit réglé une bonne fois pour toutes. J’avais envie de parler de ça, à ma façon, et le thriller est un bon vecteur.
La scène d’ouverture du roman est saisissante. Comment l’avez-vous imaginée ?
Je voulais me mettre à la place d’une femme terrorisée, qui est poursuivie par un tueur en ayant la conscience très nette qu’elle n’a aucune chance de s’en sortir. La scène est écrite du point de vue de la victime, de façon à retranscrire tout ce qu’elle peut ressentir. Un peu comme un plan filmé caméra à l’épaule, qui permet au spectateur d’être au plus près de l’action et de vivre la scène plus qu’il ne la voit.
Le narcotrafic et le monde sulfureux du rap sont au cœur de votre roman. Vous qui êtes Marseillais et avocat, avez-vous une connaissance particulière de ces milieux ?
Je ne suis pas flic et ce sont les flics qui ont la meilleure connaissance de l’univers des narcotrafiquants. Mais en tant que Marseillais et a fortiori en tant qu’avocat, je vis à proximité de cet univers parallèle que j’ai parfois l’occasion d’observer in vivo.
Quelques amis policiers m’ont éclairé sur certains aspects et mon imaginaire a fait le reste. Comme j’interviens aussi en droit de la musique – je m’occupe de producteurs et d’artistes de rap –, j’ai pu comprendre comment certains liens se tissent parfois entre les deux milieux. Les terreaux sont les mêmes, les liens souvent préexistants, ce qui conduit à la mise en place de collaborations naturelles.
Après les eaux profondes et les sommets enneigés, théâtres de vos deux derniers thrillers, vous donnez une grande place au désert, ses mystères, ses pièges. Toujours cette volonté, chez vous, d’inscrire vos intrigues dans des lieux extrêmes et peu accessibles…
J’ai toujours été fasciné par la nature, surtout quand elle est sauvage et par conséquent aussi belle que brutale. Dans un thriller, elle devient un personnage à part entière, à condition que l’intrigue le justifie. En ce qui concerne L’Heure des fauves, le choix du désert était lui aussi évident. Après Peurs en eau profonde et Le Cirque du Diable, ce roman clôture une trilogie dans laquelle les environnements extrêmes servent de cadre à l’histoire. De plus, les milieux dans lesquels évolue l’enquête conduisaient naturellement à ce qu’elle s’oriente à un moment ou à un autre vers des pays où le désert fait partie du paysage.
Encore une fois, le décor doit servir l’intrigue et pas l’inverse, même si j’avoue que j’adore faire évoluer mes personnages dans des environnements extrêmes.
Dans ce thriller, et pour la troisième fois, Chloé Latour mène l’enquête. Mais cette fois, on va mieux comprendre ses tourments personnels et sa rage de résoudre cette affaire. Racontez-nous…
L’Heure des fauves est le dernier opus de la trilogie avec Chloé Latour. Chaque enquête est indépendante, mais il y a un fil rouge qui est celui de son histoire personnelle. Chloé a été la victime indirecte d’un féminicide quand elle était plus jeune. Sa petite amie a été assassinée dans des conditions abominables et ce crime l’a profondément traumatisée. Toute sa vie en a été bouleversée et elle est devenue flic à cause de ça. L’enquête qu’elle mène dans L’Heure des fauves, qui tourne autour d’un tueur de femmes particulièrement cruel et organisé, réactive ce traumatisme. C’est une sorte de catharsis qui va l’amener à remettre ses choix, ses valeurs et ses croyances en question. Une sorte d’épreuve initiatique dont elle ne ressortira pas indemne.
Vous avez reçu l’année dernière le Prix de l’Évêché-Polar du Sud et vos lecteurs sont de plus en plus nombreux à vous suivre. Vivez-vous cette reconnaissance comme une nouvelle étape dans votre vie d’écrivain?
Bien sûr. Le Prix de l’Évêché est en soi une marque de reconnaissance importante. Comme son grand frère, le Prix du Quai des Orfèvres, il est décerné par un jury de flics qui sait de quoi il parle. C’est une sorte de validation de la crédibilité de mes histoires qui vient des professionnels. L’intérêt que les lecteurs portent à mes romans est également très enthousiasmant. Ils ont souvent lu beaucoup de polars, sont de plus en plus affûtés, et connaissent les ressorts du genre sur le bout des doigts. En d’autres termes, on ne la leur fait pas. J’espère être à la hauteur des attentes pour la suite, mais cette petite pression est motivante.
Savez-vous déjà dans quelle histoire et dans quel décor inattendu vous comptez nous embarquer dans votre prochain roman?
Chloé Latour ne sera pas le personnage principal. Elle fait une pause (sourire). Quant à la toile de fond, ce ne sera pas un environnement extrême. Pas au sens géographique tout au moins.
La prochaine histoire se situera dans une tout autre jungle, aussi brutale et dangereuse, mais plus urbaine et underground. Elle mettra en scène trois nouveaux personnages, une femme et deux hommes aux profils très différents, qui vont enquêter ensemble, mais chacun à leur façon, sur des crimes qui défient la logique et le temps.
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